Dans un département rural où le football reste un moteur de lien social, les labels fédéraux accompagnés par le Crédit Agricole récompensent l’engagement éducatif et la structuration des clubs. Focus sur Chaumont, où la cérémonie de remise a mis en lumière le travail des clubs locaux pour se professionnaliser et se former à l’encadrement des jeunes joueurs.

Un mercredi de printemps en Haute-Marne, les abords du stade résonnent des cris des enfants en short et crampons. Sur les terrains, les équipes U9 et U11 disputent leurs matchs d’entraînement sous les yeux de parents venus nombreux. Dans quelques heures, la salle du district accueillera une cérémonie solennelle : la remise des Labels Jeunes FFF – Crédit Agricole, une distinction fédérale qui valorise les clubs amateurs pour leur structuration sportive, éducative et associative.
En Haute-Marne, le football n’est pas un sport comme ailleurs. Avec ses villages dispersés et sa population clairsemée, le département pourrait sembler fragile. Mais il affiche l’un des meilleurs taux de pratique du pays : 4,7 % des habitants possèdent une licence. Un chiffre qui témoigne d’un ancrage fort et d’un rôle social majeur. Comme le rappelle Jordan Simon, directeur du district, « le football est un moteur de lien social : dans nos villages où les cafés ferment et où la population diminue, le stade rassemble encore 100 ou 200 personnes le dimanche. C’est précieux. »

La Haute-Marne a déjà décroché 14 labels fédéraux : 7 Labels Jeunes, dont un de niveau Excellence, et 7 Labels Écoles Féminines de Football. Un palmarès remarquable qui place le département au 2ᵉ rang de la Ligue du Grand Est, juste derrière l’Alsace et devant des territoires pourtant plus peuplés comme la Moselle ou la Marne.
Une progression spectaculaire si l’on se souvient qu’en 2021, seuls 9 labels avaient été attribués. Pour Jordan Simon, c’est la preuve d’un travail de fond. « Les labels aident les clubs à se structurer autour de quatre volets : sportif, associatif, éducatif et formation. Selon le niveau d’engagement, ils obtiennent un label plus ou moins exigeant. C’est un tremplin vers l’évolution des clubs. »

L’un des faits marquants de cette dynamique reste la place grandissante des femmes. En cinq ans, certains clubs ont quadruplé le nombre de leurs licenciées. « Nous avons environ 25 % de joueuses dans nos effectifs, soit près de 100 filles sur 500 licenciés. La féminisation est une priorité, non seulement sur le terrain mais aussi dans l’encadrement et la gestion du club », explique Patrick Leiritz, président du district. Cette évolution est d’autant plus significative en milieu rural, où le football féminin était encore marginal il y a quelques décennies. Comme le rappelle l’un des éducateurs rencontrés : « Du temps de ma grand-mère, une femme n’aurait jamais touché un ballon. Aujourd’hui, on voit des femmes découvrir le football ou pratiquer le foot en marchant. Cette ouverture attire de plus en plus de jeunes filles dans les écoles de foot et change profondément les mentalités. »
Le district accompagne ce mouvement avec des initiatives spécifiques, comme la création du Club des 52 Femmes. Chaque année, ces femmes qui s’impliquent à différents niveaux – qu’elles soient professionnelles, bénévoles, ou simplement intéressées par le milieu du foot – se retrouvent lors de groupes de travail pour échanger leurs expériences, définir les bonnes pratiques et encourager les initiatives.

La Haute-Marne est un territoire rural par excellence : pour constituer une équipe, il faut parfois parcourir 200 kilomètres du nord au sud. Une contrainte qui a poussé les clubs à innover. « En ruralité, le regroupement est indispensable : il permet de mutualiser les infrastructures, les éducateurs et les bénévoles », explique Thomas Bouchard, responsable technique d’un groupement haut-marnais de 140 licenciés. « Le club reste avant tout familial, mais il se structure et progresse grâce au soutien du district et des partenaires. » Ce que confirme Patrick Leiritz, président du district et fin connaisseur des réalités locales. « Le label est essentiel : il structure les clubs, valorise leur travail et leur permet de progresser, malgré des infrastructures parfois limitées. Grâce aux partenariats avec le département et les communes, nous avançons. »

Au-delà du terrain, les labels récompensent la dimension éducative des clubs. « Un club de football est une véritable école de vie. Nous travaillons sur le cyberharcèlement, l’environnement, la gestion des émotions, le respect ou encore la relation avec les adultes », explique Alexandre Varin, responsable U8-U9. « Le label nous pousse à mener des actions régulières et à responsabiliser les enfants comme les parents. »
Concrètement, les clubs organisent des ateliers, créent des jeux de société pour aborder des sujets comme le recyclage ou la nutrition, et s’investissent dans la prévention des violences. Le district, pionnier en la matière, travaille même avec le tribunal et la gendarmerie pour accompagner les jeunes sanctionnés vers une réinsertion par l’arbitrage. Pour Jordan Simon, cet aspect est fondamental. « Le football doit refléter des valeurs de respect, de solidarité et d’engagement. Nous ne transigeons pas là-dessus.»

Partenaire historique du football amateur, le Crédit Agricole joue un rôle décisif dans le dispositif. Les labels portent officiellement son nom, et les clubs labellisés reçoivent des dotations en matériel pédagogique et sportif, cofinancées par la FFF (Fédération française de football) et la banque. « C’est une aide précieuse pour progresser », souligne Jordan SImon. « Elle renforce notre crédibilité auprès des parents et des licenciés, et nous aide à fidéliser les jeunes. » Le Crédit Agricole, très implanté en milieu rural, y trouve aussi un écho à ses valeurs : proximité, solidarité et engagement territorial. À Chaumont, les représentants de la caisse régionale étaient présents lors de la cérémonie, saluant le travail accompli par les bénévoles et éducateurs.

Pour les clubs, afficher à l’entrée du stade le panneau « École de football labellisée » est une source de fierté. « C’est une récompense essentielle, elle valorise le travail accompli par les bénévoles et les éducateurs », entendait-on dans la salle. La remise collective, organisée à Chaumont, a rassemblé élus, partenaires, familles, dirigeants et bénévoles : un moment de convivialité qui illustre ce que veut promouvoir le district. « Beaucoup de gens ne se rendent pas compte que le football, ce n’est pas seulement la compétition du week-end », insiste Jordan Simon. « C’est aussi un projet éducatif et citoyen.»

La Haute-Marne n’a pas les infrastructures des grandes métropoles, mais elle compense par une énergie collective et une capacité d’innovation. En encourageant la féminisation, en valorisant l’éducation et en structurant les clubs, les Labels Jeunes FFF – Crédit Agricole offrent au football local un levier de progression unique. Dans un département où la ruralité impose ses contraintes, ces labels sont bien plus qu’un trophée : ils incarnent une reconnaissance et un soutien concrets, qui permettent aux clubs de grandir et aux enfants – filles et garçons – de s’épanouir sur et en dehors du terrain.
La cérémonie de Chaumont n’était donc pas qu’un moment protocolaire : c’était l’illustration vivante d’un football haut-marnais qui se transforme, se féminise et se professionnalise, tout en gardant son ancrage familial et rural. Ici, le label n’est pas seulement une plaque fixée sur un mur : c’est le symbole d’un territoire qui croit en l’avenir de ses jeunes, grâce au ballon rond.