Lutter contre la précarité financière par l’éducation budgétaire

Publié le 11/06/2025

Lutter contre la précarité financière par l’éducation budgétaire

À la tête de l’association Point Passerelle Champagne-Bourgogne depuis sa création, Marie-Laure Lazzaroni se définit comme « l’historique de l’étape » de cette initiative solidaire née en 2008. Depuis, le nombre de bénéficiaires accompagnés par les sept salariés de l’association ne cesse de croître, malgré un taux de réussite de 70 %. Face à cette réalité, Point Passerelle a élargi son action au champ de l’éducation budgétaire, obtenant récemment le label Educfi pour intervenir dans les établissements scolaires.

Comment les personnes sont-elles dirigées vers vous ? Comment cela fonctionne-t-il ?
En grande partie par les conseillers clientèle des agences bancaires, toutes banques confondues. Ils connaissent bien Point Passerelle et sont les mieux placés pour repérer les difficultés de leurs clients. Notre action est également reconnue par les assistants sociaux des CCAS, des départements, de la gendarmerie, des CHU, etc.

Pourquoi ces professionnels vous les adressent-ils ?
Pour la qualité de notre diagnostic budgétaire, qui repose sur l’analyse précise de trois mois de relevés bancaires. C’est cette fiabilité d’analyse qu’ils apprécient. Les assistants sociaux travaillent souvent avec des barèmes, mais peu avec les relevés de comptes. Ils n’identifient pas toujours la cause profonde des difficultés d’une personne qui demande plusieurs aides. Le diagnostic permet d’éclairer cela.

En quoi votre accompagnement est-il utile ?
D’abord, nous aidons la personne à prendre conscience de sa situation, à prendre de la hauteur :
• Est-ce que mes charges fixes sont trop importantes par rapport à mes revenus ?
• Suis-je trop endettée ?
• Ai-je trop de crédits ?
• Mes dépenses courantes sont-elles excessives ?
Ce diagnostic est très pédagogique. On prend le temps de l’expliquer en détail, ce qui permet à la personne de poursuivre le travail utile avec son assistante sociale.

L’accompagnement est-il fait par le conseiller Point Passerelle ?
Oui, nous travaillons main dans la main. Le premier rendez-vous a pour but de créer une relation de confiance fondée sur la bienveillance. Une fois cette relation établie, on peut aborder le diagnostic. On commence à surligner les dépenses une par une. Et là, souvent, la personne réalise que lorsqu’elle pense dépenser 300 €, c’est en réalité trois ou quatre fois plus.

Est-ce un cas fréquent ?
C’est quasiment systématique. Il y a souvent un écart énorme entre ce que l’on pense dépenser et ce que l’on dépense réellement, parfois deux à trois fois plus. Cela concerne tout le monde, même nous, les conseillers, quand nous avons fait l’exercice. Aujourd’hui, les achats sont dématérialisés, on n’a plus de tickets, on oublie qu’on a déjà commandé quelque chose plus tôt dans la semaine.

Que se passe-t-il une fois les problématiques identifiées ?
Nous les accompagnons dans la résolution de leurs difficultés, qui peuvent être multiples. Par exemple, si des charges fixes ne sont plus réglées, on contacte les créanciers pour négocier des plans d’apurement. Cela rallume une lumière au bout du tunnel. Nous proposons aussi des solutions spécifiques au Crédit Agricole, qui propose plus de choses en tant que mécène. Mais également un accompagnement pour l’adaptation les dépenses courantes.

Combien de temps dure cet accompagnement ?
C’est très variable selon les personnes. Notre objectif est de les amener vers l’autonomie. Certaines y parviennent rapidement, après un ou deux rendez-vous. Pour d’autres, c’est plus long. Mais nous ne fixons pas de date limite. On s’adapte à chacun. Je dis toujours : « Je peux faire 100 % de la moitié du chemin. Il faut que vous fassiez l’autre moitié. » Si la personne ne s’engage pas, c’est plus difficile. Mais cet engagement, même s’il est fragile, est souvent là.

Les personnes viennent-elles toujours de leur plein gré ?
Oui, et c’est une démarche très difficile. Apporter trois mois de relevés de compte et le faire décortiquer à un inconnu, c’est une forme de mise à nu… Cela demande une vraie volonté. Mais cet effort est un signe d’engagement. Quand les gens viennent à reculons, sous la contrainte, cela fonctionne moins bien.

« Le tout premier Point Passerelle était une initiative mécénée par le Crédit Agricole Nord-Est, en 1997. À l’époque, face au recul industriel et à la désertification des services, les élus de ce Crédit Agricole se sont dit : “On ne peut pas laisser nos clients comme ça sur le bord du chemin”, et ils ont créé le premier Point Passerelle.

Le nombre de bénéficiaires évolue-t-il ?
Oui, à la hausse. En 2024, nous sommes passés de 700 bénéficiaires à 877. Pourtant, 7 sur 10 s’en sortent. Certains reviennent, parce qu’ils savent qu’ils seront reçus sans jugement. On ne les félicite pas, on les invite à se féliciter eux-mêmes. C’est aussi ça, l’autonomie : être capable de reconnaître ses progrès, sans attendre la validation extérieure.

Avez-vous toutes les cartes en main pour les aider ?
Non. Mais nous travaillons avec des partenaires, comme Solidarité Nouvelle Face au Chômage, pour la recherche d’emploi. Parfois, on oriente vers une assistante sociale, un emploi aidé, une entreprise d’insertion… On peut suggérer, encourager, mais nous ne donnons pas d’argent. Notre force, c’est notre expertise et notre réseau.

Peut-on éviter ces situations en amont ?
Oui. Nous avons réalisé que certains bénéficiaires n’avaient pas vécu de choc de vie particulier. Leur problème, c’était l’absence d’éducation budgétaire. C’est pourquoi, en 2015, notre conseil d’administration a lancé un volet prévention. Aujourd’hui, nous animons des ateliers budgétaires dans les quatre départements, notamment en Haute-Marne, où la demande est forte. À ce jour, plus de 10 000 personnes y ont participé.

À qui s’adressent ces ateliers ?
Au départ, aux jeunes en alternance, pour les sensibiliser tôt. Puis nous avons élargi aux adultes en insertion.
Les outils varient selon les publics :
• Pour les jeunes, on utilise Kahoot!, un jeu interactif très utilisé en milieu scolaire.
• Pour les adultes, un simulateur de budget mensuel permet de vivre une simulation concrète : choisir un logement, gérer des charges, faire face à des imprévus, etc.
À la fin, ils peuvent scanner un QR code et nous contacter s’ils le souhaitent. Certains jeunes envoient même leurs parents après l’atelier !

Les jeunes aident donc à identifier les problèmes familiaux ?
Exactement. Récemment, ma collègue Vanessa a reçu une dame venue après que son fils ait participé à un atelier. C’est révélateur. Parfois, les gens vivent leurs difficultés sans penser qu’une solution existe. Et ces jeunes leur transmettent l’impulsion nécessaire.

D’où votre volonté d’obtenir le label Educfi ?
Oui. Car l’éducation budgétaire est largement absente des programmes scolaires. Le label Educfi, piloté par la Banque de France, nous permet d’intervenir en milieu scolaire en garantissant la neutralité de notre message. Cela rassure les établissements, parfois méfiants à l’idée qu’un acteur issu du monde bancaire intervienne auprès des élèves. Pourtant, nous sommes une association loi 1901 reconnue d’intérêt général, et nous ne faisons jamais de prosélytisme.

Les éléments-clés de Point Passerelle

  • Mission : Apporter une aide pertinente et adaptée aux bénéficiaires, avec une approche innovante en matière d’éducation budgétaire et de gestion financière.
  • Ouverture : 2008 à Dijon, 2009 à Troyes, 2011 à Auxerre, 2015 à Chaumont
  • Équipe : Sept personnes réparties sur les quatre départements.
  • Bénéficiaires : Orientés par les conseillers clientèle des banques, les assistants sociaux des CCAS et autres structures (gendarmerie, CHU, etc.)
  • Evolution : Augmentation constante, 877 suivis en 2022.
  • Taux de réussite : Environ 70 % de succès dans l’accompagnement.
  • Expertise : Uniquement bancaire, aucune distribution d’argent.

Diagnostic et Accompagnement

  • Processus initial :
    Premier rendez-vous d’une durée d’au moins deux heures, installation d’une relation de confiance sans jugement.
  • Diagnostic :
    Aide à identifier les difficultés financières (charges fixes, endettement, dépenses).
  • Suivi Pédagogique :
    Il vise à sensibiliser le bénéficiaire sur ses habitudes de dépense, mais aussi à identifier des aides qu’il n’aurait pas sollicité.

Actualités

Assemblée générale le vendredi 27 juin au Village by CA de Dijon : Ouverte au public, visant à réunir bénévoles et partenaires.

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