
Le Kiosque à Musique, l’émotion artistique au cœur de l’hôpital
Fondé en 2008 par le duo d’artistes Aurélie et Frédéric Monjanel, Le Kiosque à Musique s’est donné pour mission d’apporter la musique là où on ne l’espère plus : dans les services hospitaliers. Présente à Lyon, Sens, Paris et Lille, l’association réunit aujourd’hui plus de 150 artistes professionnels. Soutenue notamment par la Fondation AGIR, elle poursuit son développement autour d’une conviction forte : la musique peut apaiser, relier et redonner vie au cœur des soins. Rencontre avec son fondateur, Vincent Courion.

Qu’est-ce qui vous a motivé, en tant que personne et en tant que musicien, à créer le Kiosque à Musique avec Aurélie Monjanel ?
Avec mon épouse, Aurélie Courion Monjanel, nous formions un duo d’artistes qui se produisait régulièrement dans les grandes salles françaises en 2008. Notre motivation était double. D’abord, une motivation personnelle et humaniste : nous ressentions le besoin d’agir et d’être acteurs de la société en apportant la musique dans un environnement difficile : l’hôpital. C’est un engagement profondément humaniste. Ensuite, une motivation artistique et sociale : nous souhaitions partager les émotions à travers la musique, affirmer le rôle social de l’artiste et constater l’impact direct du live sur le moral et le parcours de soins. Nous nous sommes très vite spécialisés dans des services nécessitant une grande sensibilité, tels que les soins palliatifs, la cancérologie pédiatrique, l’oncologie, les unités psychiatriques et les unités Alzheimer.
Comment a pu se développer l’association, qui a maintenant plusieurs antennes ?
Créée en 2008 par deux artistes, notre association fêtera bientôt ses 20 ans. Aujourd’hui, nous nous sommes développés grâce à un élan de générosité et du cœur. Nous comptons 150 artistes professionnels : musiciens (membres des grands orchestres comme l’Opéra de Lyon, l’Opéra de Paris, l’Orchestre National de France…), mais aussi comédiens et danseurs. Tous partagent cette même envie d’aller au contact des publics dits “empêchés”, qui n’ont plus accès à la culture. Nous jouons pour les patients, les accompagnants et les soignants. En 2025, notre association compte quatre antennes : à Lyon, à Sens en Bourgogne (notre siège social et point central de l’activité), à Paris et à Lille.
Comment se porte l’association aujourd’hui ?
L’association Kiosque à Musique se porte très bien, mais nous sommes à une période cruciale de fort développement. Nous travaillons en convention avec plus de 23 centres hospitaliers. Parallèlement, nous allons tisser une convention-cadre avec l’AP-HP (Assistance publique – Hôpitaux de Paris) en 2025. Nous réaliserons plus de 230 actions auprès des patients et au cœur des services d’ici la fin de l’année. Depuis trois ans, nous avons créé une formation de médiation culturelle à l’hôpital, en lien avec les étudiants en cycle supérieur du Conservatoire de Paris (CRR). Ce développement demande à être soutenu, nous sommes donc toujours en recherche de mécénats.
Comment “recrutez”-vous de nouveaux musiciens ?
Notre méthode de recrutement est principalement basée sur la cooptation au sein de notre réseau d’artistes professionnels.
Nos critères de sélection sont très spécifiques et exigeants :
– Excellence artistique : nous faisons uniquement appel à des artistes professionnels.
– Qualité humaine : écoute, bienveillance et grande adaptabilité au contexte hospitalier.
– Formation spécifique : les artistes doivent parfois avoir suivi une formation pour s’adapter à ce lieu particulier qu’est l’hôpital.

Comment préparez-vous chaque intervention et comment se déroule-t-elle ?
Nos interventions sont toujours préparées en lien étroit avec les équipes soignantes des services visités. Nous adaptons le répertoire et le timing en fonction du lieu, des pathologies et des âges des patients (pédiatrie, gériatrie, unités fermées de psychiatrie). Une rencontre artistique dure environ une heure au sein d’un service. L’itinéraire et les rencontres se font en lien direct avec les soignants. Nous recherchons une interaction avec les patients, les soignants et les accompagnants, pour vivre une aventure artistique commune et créer un changement d’ambiance immédiat.
Sur notre antenne de Sens, par exemple, nous intervenons chaque mois dans trois services spécifiques : l’oncologie, les soins palliatifs et la néonatologie. Cela nous a permis de tisser un lien de confiance fort avec l’ensemble des équipes du Centre Hospitalier de Sens depuis douze ans.
Pourquoi avoir sollicité la Fondation AGIR et quelle a été sa participation à votre activité ?
Le soutien de la Fondation AGIR a eu un impact à plusieurs niveaux. D’abord, une forme de reconnaissance et de crédibilité, cela a permis de renforcer notre action et de nous donner une assise plus importante. Ensuite, un rayonnement. Ce soutien s’inscrit dans le développement de notre visibilité, aux côtés de parrainages prestigieux que nous avons l’honneur de recevoir : le professeur Thierry Philip (ancien président de l’Institut Curie, pour le volet médical), Éric Le Sage et Roger Muraro (pianistes de renommée internationale), Paul Meyer (chef d’orchestre et clarinettiste, symbole de la participation des musiciens d’orchestre, cœur de notre effectif) et Emmanuel Pahud (flûtiste de renommée internationale, soliste du Philharmonique de Berlin). Enfin, la pérennisation car nous espérons que cet appui nous permettra de développer et d’ancrer notre action sur les territoires et dans le temps, en nous donnant les ressources nécessaires.
Quels sont vos projets pour fin 2025 et l’année 2026 ?
Pour la saison 2025-2026, nos projets sont de continuer à nous inscrire dans la cause nationale 2025 de la santé mentale en intervenant dans différents services de psychiatrie, mais également de nous engager pour répondre aux journées dédiées comme Septembre en or, Octobre rose et la Journée des soins palliatifs, et d’assurer la pérennité de la relation entre musiciens et soignants. Notre association a une dimension mixte, artistique et médicale. Nous continuerons à miser sur l’excellence artistique pour étayer la relation et la musique en live au cœur des services de soins.







