Séverine Fermier est une femme d’action. Agricultrice de métier, installée à la tête de sa propre exploitation en polyculture élevage bovin, elle est aussi épouse, maman, maire de son village de La Ferté-Loupière dans l’Yonne et administratrice de la caisse locale du Crédit Agricole de Charny. Pour elle, l’engagement, c’est sur tous les plans.

Séverine Fermier, 43 ans, mariée et mère de deux filles de 14 et 18 ans, est quasiment née à La Ferté-Loupière. Un charmant village de l’Yonne qu’elle n’a quitté que le temps de ses études, avant de revenir s’y installer, pour perpétuer la tradition familiale. Un retour aux sources qui ne rime pas vraiment avec un mode de vie plan-plan.

« Je suis ancrée ici depuis toujours et je ne changerai pour rien au monde. Nous sommes au calme, dans un environnement naturel exceptionnel, près d’Auxerre, pas très loin de Paris… C’est un cadre de vie idéal pour exercer mon métier d’agricultrice. » Un métier qui prend du temps et consomme beaucoup d’énergie. Séverine a d’ailleurs arrêté la production laitière depuis un an, notamment pour pouvoir se consacrer à ses nombreuses activités annexes.

« J’aime mon métier d’agricultrice », affirme Séverine qui gère seule son exploitation en polyculture élevage bovin. « Ma grande fierté, c’est d’avoir réussi à transmettre cette passion à mes enfants, sans rien forcer. La plus grande de mes filles se destine d’ailleurs à me rejoindre sur la ferme et la plus jeune a déjà un faible pour le monde agricole. Elles savent que l’engagement et la charge sont très lourds, elles mesurent aussi le peu de temps libre dont je dispose, elles auraient pu détester ce métier en me voyant l’exercer mais ce n’est pas le cas du tout« .

Un métier qui est loin d’être la seule passion de Séverine. Son truc à elle, c’est le territoire et ses habitants : le « vivre ensemble », dans un environnement protégé, l’épanouissement de chacun et la qualité de vie en local. C’est donc tout naturellement qu’elle s’est engagée en 2014 comme administratrice de la Caisse locale du Crédit Agricole de Charny et comme conseillère municipale de La Ferté-Loupière, dont elle est devenue maire en 2022. « Désignée volontaire lorsque l’ancien édile a dû démissionner... »

A l’échelle d’une petite commune rurale, quand on s’engage, c’est sur tous les fronts. « Ici tout est lié et tout se tient, les commerces, l’école, le médecin, le cabinet infirmier. Ce sont tous ces éléments qu’il faut préserver pour la vitalité du territoire et le bien-être des habitants« .

Le premier combat de Séverine a été de faire rouvrir la boulangerie du village, frappée par un incendie en 2019, puis la boucherie. « On a relevé le défi, on a trouvé des commerçants courageux et ambitieux. Ça marche super bien. Les habitants jouent le jeu. Nous sommes le premier village sur le chemin de la Puisaye, nos voisins parisiens font le plein de bonnes choses pour le week-end à l’aller et s’approvisionnent au départ, en repartant vers la capitale ».

Aujourd’hui, le village compte deux restaurants, un médecin, un cabinet infirmier, un garage station-service, un lieu culturel et d’exposition, une école, une boulangerie et une boucherie. Pas mal pour une bourgade de 560 âmes !  « Dans le village, on se sert les coudes et on avance. Je suis fière de ça. J’ai l’impression de revivre l’époque des années 90 quand tout fonctionnait encore. Et en prime, c’est bon pour la communication entre habitants, pour l’ambiance générale, pour l’épanouissement de nos enfants. »

Agricultrice, élue locale, Séverine participe également à la vie mutualiste du Crédit Agricole de Champagne-Bourgogne en tant qu’administratrice. « Les banques font peur, le banquier fait peur, mais une banque sert plutôt à faire avancer les projets et à surmonter les difficultés. Ici, les gens sont très pudiques sur leurs problèmes. Moi, je pense que parler de ses projets, mais également de ses difficultés, c’est le seul moyen de trouver de l’aide. C’est la façon dont j’envisage mon rôle d’administratrice de Caisse locale : faire le lien entre les habitants et les conseillers pour apporter la dimension humaine et faire aboutir les projets ».

Dans sa Caisse locale, Séverine a contribué à un « Pacte territorial », c’est-à-dire un projet en faveur du territoire. « Nous avons choisi de travailler sur le thème de la santé. Nous avons à cœur de maintenir la possibilité de se soigner sur place. On peut se nourrir, on peut scolariser nos enfants, il faut qu’on puisse se soigner et nous en avons discuté avec la personne qui travaille sur ce sujet au Crédit Agricole. Personnellement, j’aimerais vraiment garder un médecin dans ma commune.  On entend que les jeunes médecins craignent de venir « s’enterrer » à la campagne mais moi, j’aimerais leur dire : vous serez proche d’Auxerre, proche de Paris, avec école et garderie sur place. Qu’ils viennent et ils n’auront plus envie de repartir. Ils vont tomber amoureux du cadre de vie dans cette commune où on se bat pour développer un maximum de services« .

Dans la caisse locale de Charny, pas mal d’agriculteurs, « mais on accueille de nouveaux administrateurs, qui évoluent dans d’autres environnements professionnels. Récemment, un traiteur et une personne qui travaille dans l’aide sociale… Globalement, c’est un investissement personnel qui reste raisonnable. Une Assemblée générale par an, cinq Conseils d’administration et un ou deux comités des prêts par mois.  Nous décidons ensemble des actions à mener et à soutenir. Moi, j’ai eu la fierté de présenter à mes collègues administrateurs notre nouveau boucher et son projet, que nous avons soutenu. On est vraiment dans le concret ».

De ses engagements au service du territoire, Séverine aime rappeler qu’elle apprend tous les jours. « Il y a des décisions pas faciles à prendre, j’essaie d’être intègre et fidèle à la ligne de conduite que je me suis fixée. Je suis porteuse de l’image de ma famille et des générations qui m’ont précédées et je veux que cela perdure en me montrant à la hauteur. Je peux me tromper, mais j’essaye d’être toujours juste dans l’intérêt du plus grand nombre. Je prends mes missions très au sérieux, mais je reste moi-même, simple. Je ne me prends pas la tête, je suis Séverine, pas Madame le maire, et je suis aussi à l’aise et motivée habillée pour une réunion qu’en bottes sur mon exploitation. »