
Transition énergétique : où en sont les entreprises du territoire ?
Réduction des coûts, réglementations, bilans carbone… Le dernier baromètre CSA réalisé pour la Fédération Crédit Agricole Bourgogne-Franche-Comté dresse un état des lieux lucide de la transition énergétique des entreprises régionales. Entre engagement réel et obstacles persistants, les résultats traduisent une prise de conscience solide, mais encore inégalement suivie d’actions concrètes.

Une région mobilisée pour comprendre et agir
La Bourgogne-Franche-Comté n’échappe pas aux défis de la transition énergétique. Pour mesurer les progrès réalisés, le Crédit Agricole a confié à CSA Research, en partenariat avec le cabinet R3, la réalisation d’une troisième édition de son baromètre annuel. L’objectif : évaluer la maturité énergétique des entreprises, leur niveau de connaissance, leurs pratiques et leurs priorités.
En 2025, le score global de maturité énergétique s’établit à 50 sur 100. Un résultat stable par rapport à l’an passé, qui traduit un engagement réel mais encore perfectible. Si les dirigeants d’entreprise reconnaissent la nécessité d’agir, la transition énergétique reste souvent perçue à travers le prisme économique. La réduction des coûts d’énergie demeure la première motivation, devant les contraintes réglementaires et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, les chefs d’entreprise veulent bien verdir leur activité… à condition que cela ait du sens pour leur modèle économique. La transition énergétique n’est plus un sujet marginal, mais elle peine encore à devenir une priorité stratégique pleinement intégrée.
Une bonne connaissance du sujet, mais des zones d’ombre réglementaires
Premier enseignement du baromètre : la connaissance du sujet énergétique est jugée correcte pour la majorité des entreprises interrogées. Les dirigeants savent identifier les grands enjeux et les grandes tendances, et se tiennent informés via leurs pairs, leurs réseaux professionnels ou leurs collaborateurs. En revanche, la maîtrise des réglementations reste inégale. Près de deux tiers des répondants déclarent connaître les obligations liées au bilan carbone ou aux plans de transition, mais lorsqu’il s’agit de textes plus techniques – décret tertiaire, décret BACS ou loi d’accélération des énergies renouvelables –, les lacunes sont notables. Beaucoup en ont entendu parler, sans vraiment savoir s’ils sont concernés ni comment s’y conformer. Ce déficit d’information freine le passage à l’action, en particulier pour les TPE et PME, souvent dépourvues de service dédié.
Suivre, gérer, optimiser : les efforts déjà engagés
Sur le terrain, la gestion de l’énergie progresse. Les entreprises sont nombreuses à suivre leurs consommations, souvent à partir de leurs factures ou de tableaux Excel. Plus rares sont celles qui se dotent d’un système de pilotage énergétique ou d’un responsable énergie. Environ un tiers ont nommé une personne dédiée, proportion nettement plus élevée dans les structures de plus de 50 salariés. L’électricité reste la principale source d’énergie utilisée, tandis que le gaz et le fioul conservent une place importante, notamment dans l’industrie. Bonne nouvelle toutefois : parmi celles qui utilisent encore ces énergies fossiles, une sur deux envisage de basculer vers des sources plus durables.
Les actions les plus courantes relèvent du bon sens énergétique : passage à l’éclairage LED, réglages automatiques, bridage des températures, détecteurs de présence ou optimisation des contrats. Des gestes simples, mais efficaces, qui traduisent un engagement pragmatique. Les investissements plus lourds — isolation, production d’énergie sur site, rénovation thermique — restent encore l’exception.
Des plans d’action encore trop rares
Lorsqu’on aborde la stratégie énergétique à moyen terme, les chiffres se font plus mitigés. Un tiers des entreprises a réalisé un audit énergétique au cours des trois dernières années, et à peu près autant dispose d’un plan d’action structuré. Dans les plus grandes entreprises, ces démarches se combinent souvent à des certifications ou labellisations (ISO 50 001, ISO 26 000, B Corp, SBTi…). Dans les petites structures, en revanche, le passage à la planification reste rare. Les freins invoqués sont souvent les mêmes : coût des investissements, manque de ressources humaines, complexité administrative et, parfois, sentiment que “les efforts déjà réalisés suffisent”. Aussi, plus d’un tiers des entreprises ne prévoient pas de plan d’action énergétique à court terme.

L’engagement environnemental, parent pauvre de la transition
C’est le point faible du baromètre : le score d’engagement et de responsabilité environnementale plafonne à 40 sur 100, un niveau inchangé depuis 2024. Si 80 % des entreprises ont mis en place des actions de sensibilisation internes — principalement des affichages ou des rappels de bonnes pratiques —, les initiatives plus participatives (fresques du climat, ateliers collaboratifs, challenges internes) restent minoritaires.
La communication externe sur les engagements environnementaux recule également : seules 29 % des entreprises communiquent au-delà de leurs obligations réglementaires (contre 35 % en 2024). Là encore, les grandes structures se distinguent, avec des démarches plus visibles et mieux intégrées à leur stratégie RSE. Côté mobilité, la mutation avance à petits pas : un tiers des entreprises ont mis en place des mesures pour réduire les trajets professionnels, et plus de la moitié des flottes ont été partiellement converties à l’hybride ou à l’électrique. Mais les transitions restent souvent limitées à une minorité de véhicules.
Sans surprise, la taille de l’entreprise demeure un facteur clé. Les structures de plus de 50 salariés affichent de meilleurs résultats sur l’ensemble des indicateurs. Elles disposent de moyens, d’expertise et d’une vision à long terme. À l’inverse, les plus petites entreprises progressent, mais de façon plus empirique. Les écarts sectoriels confirment cette tendance : l’industrie et les transports avancent plus vite, directement concernés par le coût de l’énergie. Les services et le tertiaire restent en retrait, souvent par méconnaissance ou par manque de leviers immédiats.
Un défi collectif pour les années à venir
Avec un indice global de 50 sur 100, la Bourgogne-Franche-Comté se situe à mi-parcours d’une transition énergétique encore inachevée. La prise de conscience est là, la volonté aussi, mais l’enjeu pour les prochaines années sera de passer à l’échelle supérieure. Et en cela, le baromètre met en lumière plusieurs leviers : renforcer l’accompagnement des entreprises, simplifier l’accès aux dispositifs, encourager les bilans carbone et les audits, et valoriser les démarches exemplaires. Le Crédit Agricole, à travers sa filière Transition énergétique et climatique, entend jouer ce rôle d’accélérateur de la transition régionale.

Les Trophées des Transitions : distinguer pour encourager
Nouveau succès pour les Rendez-Vous de la Transition Énergétique, qui se sont tenus mardi 7 octobre au Consortium Museum de Dijon et mercredi 8 octobre au siège régional du Crédit Agricole à Troyes. Pour cette troisième édition, une nouveauté de taille : la remise des Trophées des Transitions à quatre entreprises particulièrement engagées du territoire, en partenariat avec le MEDEF Côte-d’Or et le MEDEF Aube.
À Dijon, les trophées ont été remis par Laurent Haro, directeur général adjoint, et Xavière Castano, représentante du MEDEF Côte-d’Or, à FILAB, représentée par Gabrielle Kiss, responsable environnement et optimisation, et à Reine de Dijon SAS, représentée par son directeur technique Frédéric Girard. À Troyes, Tristan Lamy, directeur développement et transition des entreprises et de l’agriculture, et le MEDEF Aube ont récompensé Chassenay d’Arce, Maison de vignerons représentée par Manuel Henon, ainsi que Gamba & Rota – Transport et Logistique, représentée par Claire Masson, directrice des ressources humaines.
Ces deux matinées ont été marquées par des tables rondes thématiques et un forum d’échanges réunissant de nombreux partenaires régionaux. Point d’orgue de l’événement : la présentation du baromètre CSA sur la maturité énergétique des entreprises du territoire par Xavier Terryn. Une occasion de dresser un bilan éclairant sur l’état d’avancement de la transition énergétique dans la région et d’ouvrir le dialogue sur les leviers à activer pour accélérer.








